Book extracts in French
Cette fois-ci le soleil est de la partie. Il est déjà haut dans le ciel et couvre de toute sa lumière l’immensité du paysage qui s’étale devant mes yeux ébahis. Le panorama est grandiose. Des monts enveloppés de neige succèdent aux pics acérés déchirant les nuages et aux cimes si nombreuses qu’il est impossible d’en compter le nombre.
À l’arrière-plan, vers le Nord, je distingue Nuptse (7861 m) et Lhotse (8516 m) qui protègent le sommet du monde. Au centre une montagne se distingue des autres et se découpe dans ce paysage minéral tel un vaisseau pointant vers l’immensité de l’espace. L’Ama Dablam, 6812 m de majesté. Elle est particulièrement esthétique. On dirait une dent qui chercherait à s’extraire de sa couronne granitique ; 1500 à 2000 m de paroi pointant vers l’infinité du ciel recouverte par endroit d’ice-flutes vertigineuses et de séracs suspendus n’attendant qu’à se libérer de l’emprise de cette pente quasiment verticale. C’est une version plus spectaculaire du Cervin alpin.
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Le soleil a basculé derrière l’arête. Notre pente est maintenant à l’ombre. Encore quelques mètres et ça y est. Un drap de lumière nous enveloppe et une joie indicible pénètre en nous. La ligne de crête est baignée de lumière dorée qui sublime les couleurs des drapeaux de prières. Il n’y a quasiment pas de vent. Tout le monde se félicite et on se serre dans les bras. Les sourires sont sur tous les visages et on peut lire dans les regards la satisfaction et le bonheur d’être ici. Ce moment d’extase dure quelques minutes et vient ensuite la contemplation. C’est le moment de la récompense. Il n’y a plus de paroles. Seulement le bruit du vent qui chante avec les drapeaux et les exclamations de notre groupe en découvrant le panorama. Je n’arrive pas à trouver les bons mots pour décrire le paysage qui s’étale devant moi à 360 degrés. Partout des sommets, des arêtes, des cimes, des murailles de glace, des pics enneigés éclairés par une lumière oblique qui sublime l’instant. On a l’impression de pouvoir toucher du doigt ces géants de roches qui forment le toit du monde. En contrebas dans toute sa longueur s’étale le glacier Ngozumba de Cho Oyu tel une langue de plusieurs kilomètres de long et de plusieurs centaines de mètres de large. On y voit des crevasses dont la seule pensée d’y tomber donne le frisson. Le relief formé constitue à une échelle réduite une chaîne digne de l’Himalaya tant sa complexité provoque le tournis. Les ombres des montagnes sous le soleil commencent à colorer l’étendue du glacier d’un voile de nuit
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